Les villes jumelles de Rishikesh, la « ville des gourous » et Haridwar, la « porte des dieux » vous surprendront, vous émerveilleront, vous amuseront, vous énerveront aussi sûrement, mais surtout, elles vous rappelleront que la vie est une grande aventure.
Si vous n’avez jamais envisagé de mettre le pied en Inde, laissez-moi vous en donner un aperçu. Dépaysement ultime garanti. Et si vous êtes déjà sous le charme de l’Inde, ces deux villes vous offriront une perspective fraiche et revitalisante, avec peut-être un peu de yoga en prime.
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Rishikesh : La capitale mondiale du yoga
Rishikesh, tout comme Amritsar, est une ville sainte. Située au pied de l’Himalaya, elle est traversée par le Gange, fleuve sacré pour les hindous. Aujourd’hui, la ville est très touristique et attire de nombreux voyageurs en quête de spiritualité. C’est aussi un haut lieu du rafting en Inde.
- Le Sanctuaire de la sérénité
Éloignée du tumulte habituel des villes indiennes, Rishikesh est un sanctuaire pour les âmes en quête de paix. Ce n’est pas la capitale mondiale du yoga pour rien. En effet, de nombreux ashrams (lieux de retraite spirituelle) où l’on peut méditer, ainsi que plusieurs écoles de yoga s’y trouvent. Pour l’anecdote, c’est ici que les Beatles sont venus en 1968 pour suivre une formation de méditation transcendantale.
Même si vous n’êtes pas un addict de la méditation, vous pourrez également trouver à Rishikesh de nombreuses petites guesthouses éloignées de l’agitation et du vacarme des villes indiennes, qui offrent en prime une vue panoramique sur le Gange et sur la ville. Le coin parfait pour respirer et se ressourcer en arrivant d’Amritsar, ou du Rajasthan par exemple.
- Une expérience culinaire unique
La ville étant sainte, il est interdit d’y consommer de la viande ou des œufs ou même de l’alcool ! Pas si parfait pour se ressourcer en fin de compte ! Mais ce régime strict a donné lieu à une gastronomie végétarienne riche, où les épices et les légumes locaux jouent un rôle prédominant. Laissez-vous donc tenter par une cuisine saine et originale.
Haridwar : Plongée dans le sacré
Haridwar ou la « porte des dieux » est située au bord du Gange, à 20 km de Rishikesh. Haridwar est, elle aussi, une ville sainte pour les hindous. Elle est souvent considérée comme la petite sœur de Varanasi.
- La danse du sacré sur les ghats
L’atmosphère de dévotion est palpable à Haridwar, notamment sur les « ghats ». Ces grands escaliers qui descendent vers le Gange sont des théâtres de la vie quotidienne, où les fidèles se baignent et offrent des prières.
Les ghats servent véritablement à tout : faire la lessive, la vaisselle, se baigner, prier, se laver les dents, etc. C’est un lieu de vie à part entière, où les gens se rencontrent et échangent. Heureusement pour les Indiens d’Haridwar, le Gange, fraîchement sorti de l’Himalaya, n’est pas encore trop pollué ici.
- La petite sœur de Varanasi
La ville est également un lieu de pèlerinage important pour les hindous, qui viennent y faire leurs ablutions dans le Gange. Si Varanasi, aussi connue sous le nom de Bénarès, est souvent citée comme le cœur spirituel de l’Inde, Haridwar n’en est pas moins impressionnante. L’intensité de la dévotion, les rituels et les cérémonies du soir (aarti) au bord du Gange sont similaires dans les deux villes, bien que chaque lieu ait ses propres particularités.
C’est aussi un lieu de crémation, où les corps sont brûlés sur des bûchers funéraires. Un spectacle qui peut être déroutant pour les non-initiés, mais qui est une partie intégrante de la culture indienne.
- Interactions indiennes : entre expérience et oppression
Incredible India encore et toujours. Un peu trop même ici à Haridwar. Parfois je me dis que voir des choses croyables commence à me manquer ! C’est assez difficile à décrire, et encore plus à exprimer.
Déjà, il faut imaginer le climat. Il fait très chaud et très humide. Très chaud, c’est autour de 45°C. Très humide, c’est autour de 80 % d’humidité. Je transpire en permanence, et je bois quotidiennement entre 5 et 7 litres d’eau. Évidemment, les bouteilles d’eau ne restent pas fraiches très longtemps.
Ensuite, la culture indienne qui est absolument incompréhensible. Attention, aucun jugement de valeur ici. Simplement que tout est tellement différent qu’il est difficile de s’y retrouver : la nourriture, les restaurants et la façon de manger sont différents, les habits sont différents, les préoccupations sont différentes, le nombre d’habitants, les moyens de transport, les relations entre hommes et femmes, etc. Tout est différent. Mais c’est encore inexact comme description puisque, par définition, une différence implique qu’une comparaison est possible. Or ici, il n’y a même plus de comparaisons possibles !
Laissez-moi vous raconter cette anecdote, un soir, lors de la cérémonie sur les ghats d’Haridwar.
Hier, nous marchions avec Diego sur les berges du Gange à Haridwar (ville sainte pour rappel). Tous les matins et tous les soirs, lorsque le soleil se lève et se couche, les Indiens se réunissent au bord du Gange pour une cérémonie religieuse. Il est difficile d’interpréter la réalité qui nous entoure : il suffit de prendre une toute petite parcelle autour de nous pour trouver à peu près tous les types d’activités possibles et imaginables. Les yeux sont donc aux aguets, et le cerveau, bien que rejetant la plupart des informations, fait de son mieux pour assimiler ce que les yeux lui donnent à manger.
Soudain, à un mètre de nous : deux touristes ! Assez rare pour que cela soit noté, les Indiens étant tellement nombreux que les touristes se fondent dans la masse. La probabilité que l’un de nous 4 entame la conversation avoisine les 100 %. Alors que nous discutions depuis 3 minutes (peut-être moins même), un cercle d’une quinzaine de personnes se forme autour de nous, nous observant de près. D’abord amusé par cette curiosité, j’essaie d’interpréter leurs regards : ils analysaient nos comportements, nos habits, écoutaient nos discussions, etc. En somme, aussi étonnés par nous, que nous par eux !
Puis, une bonne minute plus tard, commençant à manquer d’intimité, nous décidons de nous déplacer un peu pour poursuivre notre conversation. Nous nous arrêtons 20 mètres plus loin, vérifions qu’il y a suffisamment d’espace autour de nous et reprenons le fil de notre discussion. L’ancien cercle, qui s’était formé autour de nous, est toujours en place, tant les premières conclusions semblent les troubler. Mais très vite, un autre cercle se forme, constitué de personnes nouvelles. Nous décidons implicitement de faire face cette fois, et de poursuivre la conversation. Trop tard, le cercle se referme de plus en plus sur nous, des visages littéralement collés aux nôtres nous passent au peigne fin, et très vite, quelqu’un me tape sur l’épaule. Je fais mine de rien, mais il insiste. Je me retourne, aperçois son téléphone portable et parviens à comprendre : « picture ». Je comprends vite, il veut faire une photo avec moi. C’est un phénomène très courant, mais aussi très risqué, car les familles sont souvent nombreuses : n1 prend une photo de n2 avec moi, puis n2 prend une photo de n1 avec moi aussi. Arrive n3 qui prend une photo de n1 et n2 avec moi, avant qu’arrive n4, qui veut une photo avec les 2 autres touristes…
Tout ça est plutôt flatteur, mais le problème se pose quand ça arrive tous les cinq mètres !
Ajoutez à ça la chaleur et l’humidité, la mendicité, la persistance des chauffeurs de rickshaws (sorte de tuk tuk local) et leurs voix qui s’élèvent au fur et à mesure que vous vous éloignez et vous obtenez vite un univers assez oppressant.
Heureusement, ces deux villes se complètent à merveille. La sérénité de Rishikesh permet de souffler après l’effervescence de Haridwar, chacune offrant une perspective unique sur l’Inde et son riche héritage culturel et spirituel. Découvrir Rishikesh et Haridwar est une expérience ultime de voyage. Âmes sensibles s’abstenir.