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Mes débuts comme pêcheur en Norvège

Mes débuts en tant que pêcheur en Norvège furent un mélange d’excitation et d’appréhensions. L’excitation de vivre une aventure incroyable, de se retrouver au milieu de la grande bleue qui m’émerveille tant depuis que je suis tout petit, mais aussi d’appréhensions, car c’est tout simplement l’un des boulots les plus difficiles qui soit.

Continuez la lecture pour découvrir comment je suis devenu pêcheur en Norvège, quels sont les prérequis pour travailler comme pêcheur, en quoi consiste ce travail plus précisément et comment devenir vous aussi pêcheur en Norvège.

Comment je suis devenu pêcheur en Norvège ?

Après l’échec de ma première tentative d’installation en Thaïlande et des problèmes de logement qui m’ont empêché de retourner travailler à Måløy, j’ai été contraint de repasser quelques mois à travailler en intérim en France. Quelques mois de calme plat donc, en Loire-Atlantique chez mon pote Seb, rencontré quelques années plutôt au cours de mon premier voyage.

Même si plutôt bien lotis là-bas, à l’écart de la société de consommation et bien entouré, ces quelques mois m’ont amèrement rappelé à quel point la vie en France n’était pas faite pour moi. Ce fut une période « entre-deux », une période où j’ai pas mal gambergé après mon échec en Thaïlande. Quoi faire ? Où ? Comment maximiser ma liberté en minimisant les périodes de travail ? À force de tourner en rond, j’en suis vite revenu à mon idée de tour du monde à durée indéterminé en voilier.

Avec cet objectif en tête, il ne me restait plus qu’à trouver un moyen de gagner assez d’argent rapidement pour acheter un bateau, ainsi que pour subvenir à mes besoins pour n’avoir aucune limite des temps. L’avantage de voyager comme backpacker, c’est que l’on apprend à revenir à l’essentiel, le strict minimum pour s’encombrer le moins possible.

J’avais failli embarquer sur un bateau de pêche quelques années plus tôt, j’ai donc relancé mes contacts sur place et quelques mails plus tard, un ami norvégien (à qui je dois une fière chandelle soit dit en passant) s’occupait de contacter des compagnies de pêche et d’anciennes connaissances pour me dégoter un job de pêcheur en Norvège.

Pour la plupart, je ne faisais office que de bouche-trou, au cas où. Et finalement, un contact décida de me faire confiance et de me donner une chance… Après une formation de sécurité en mer à Antibes (STCW), me voilà donc de retour à l’aéroport d’Oslo, attendant le bus pour Måløy comme auparavant, mais pour un boulot différent cette fois-ci : Pêcheur  !

Pêcheur en Norvège sur le M/S Sjøvær

Quels sont les prérequis pour travailler comme pêcheur ?

Il n’y a que trois choses véritablement nécessaires pour pouvoir embarquer sur un bateau de pêche dans ce pays :

- Le certificat médical

Le premier point est assez facile à résoudre. Prenez rendez-vous une fois sur place avec un médecin et une rapide visite médicale suffira pour que vous obteniez votre certificat. De mémoire, ce certificat n’est valable que deux ans, donc il vous faudra le renouveler régulièrement.

- Le certificat de sécurité maritime

Le second point est plus délicat. Il existe une formation de sécurité en mer, qui ne dure qu’une journée et demie et qui peut se passer quasiment partout le long de la côte norvégienne, mais elle n’est dispensée qu’en Norvégien !!! Mes compétences étant plutôt limitées dans cette langue, j’ai trouvé un équivalent dispensé en anglais, le STCW. En revanche, cette formation dure 5 jours et comprend beaucoup plus de choses que nécessaire (elle est aussi plus chère). Le STCW est valable 5 ans et est reconnu dans le monde entier. Beaucoup le passent pour travailler sur des yachts, en Méditerranée l’été puis dans les Caraïbes l’hiver. N’hésitez pas à me faire part de votre expérience si vous connaissez une autre formation équivalente et moins laborieuse que le STCW.

- Parler couramment l’anglais

Parler couramment l’anglais est un point également indispensable. Si vous prenez la mer pour plusieurs longues semaines de labeur, vous souhaitez éviter au maximum les malentendus ! Les Norvégiens parlent tous très bien l’anglais et il y a également de nombreux immigrés qui travaillent en mer et qui utilisent l’anglais. La moitié de l’équipage doit être de nationalité norvégienne pour maintenir un équilibre et cohésion sur les bateaux. Le but est d’éviter la création de « sous-groupes » d’étrangers parlant leur langue respective. N’oubliez pas, en mer, il n’y a pas d’échappatoire !

Il est indispensable de travailler ensemble, d’une part parce que votre salaire en dépend et d’autre part parce que votre sécurité en dépend elle aussi. C’est assez implicite entre marins, mais il faut bien le garder à l’esprit. La communication est donc tout particulièrement importante sur un bateau.

En quoi consiste le travail de pêcheur en Norvège ?

Pour plus d’infos sur le travail de pêcheur en lui-même, je vous renvoie à cet article. J’y détaille les différentes tâches, le rythme des journées et le travail en lui-même.

Pour le reste, ce n’est jamais que travailler sur un bateau. Donc bien évidemment, il faut aimer la mer et avoir envie d’être en mer plusieurs semaines d’affilée. Comme je le mentionnais plus haut, vous ne pourrez pas changer d’avis au bout de quelques jours. D’autant que tout l’équipage compte sur vous pour remplir votre part du taf. Personnellement, ce fut une expérience fantastique, avec des levés/couchés de soleil grandioses, des mouettes (selon le lieu de pêche) que l’on peut nourrir à bout de bras, des baleines, des plateformes pétrolières et bien sûr, se sentir tout petit face aux éléments lors des tempêtes dans la mer des Barents au milieu de l’hiver bien au-delà du cercle polaire… C’est définitivement un voyage en soi.

De même, après avoir bu votre café, il vous faut quelques minutes (secondes ?) pour rejoindre votre lieu de travail ! Pas de métro, pas de bouchons. Pas besoin de louer d’appartement, ni de faire à manger. Et pas de tentation de dépenser votre argent au milieu de la mer ! Travailler, manger et dormir, voilà de quoi seront faites vos journées.

Ma première semaine comme pêcheur en Norvège fut probablement l’une des pires de ma vie. Travailler deux fois 8 heures par jour, cumulé au mal de mer et à l’apprentissage de ce boulot assez rude, un cocktail plutôt détonant !

Mais je m’y suis assez vite fait. L’équipage m’a bien accueilli et l’ambiance était bonne dans l’ensemble. Ce n’est pas toujours le cas, chaque bateau est différent. Les petits bateaux sont souvent plus conviviaux, les gros bateaux sont généralement mieux équipés. Les vieux bateaux sont plus rentables comparés aux plus récents pour lesquels il faut déduire le remboursement du crédit du bateau, mais les conditions de vie à bord sont meilleures.

La pilule contre le mal de mer m’a permis de n’être malade qu’à partir du deuxième jour. Je m’attendais à pire, et à priori je m’en sors à bon compte. J’ai vomi 5/6 fois dans la journée ce qui ne facilite pas le travail ! Rassurez-vous, cela ne choque personne. Puis juste une fois le lendemain, et j’ai finalement renoué avec les toilettes d’une façon plus traditionnelle 2 jours plus tard.

Ci-dessous, deux photos à bord du « M/S Sjøvær » au large des îles Shetland, en train de pêcher des Lingues (Julienne) :

Égorgeage de Julienne - Norvège
Pêche de julienne - Norvège

Il faut aussi réapprendre à marcher dans un premier temps, puis on finit par s’habituer au mouvement perpétuel des vagues et éventuellement on en vient presque à l’oublier. Les déplacements restent malgré tout laborieux dès que la mer s’agite… et ne laissez pas votre tasse de café traîner n’importe où !

Si vous voulez avoir plus d’info sur le bateau sur lequel j’ai fait mes débuts comme pêcheur en Norvège, il s’appelle : M/S Sjøvær. C’est un « petit » bateau de 40 mètres de long et une moyenne de 13 membres d’équipage à bord, et spécialisé dans la pêche de la Julienne (Lingue) et du Cabillaud. Il est équipé de surgélateur à bord, ce qui permet de congeler les poissons directement et de pouvoir pêcher pendant plusieurs semaines sans avoir à décharger.

M/S Sjøvær - Norvège

Comment devenir vous aussi pêcheur en Norvège ?

Pas de recette miracle ici, le plus important ici est d’avoir des contacts sur place et de vous faire connaître. Il faut absolument montrer votre motivation, car il en faut et ça se sent « entre marins ». Évidemment les salaires des boulots off-shore en Norvège aident beaucoup à se motiver, mais face au challenge que représente ce travail, cela ne suffit pas toujours.

Un bon capitaine ne prendra jamais le risque d’embaucher un débutant pour 6 à 8 semaines en mer sans de solides recommandations et/ou qui ne fait pas preuve d’une volonté extrême. Cela dit, le turn-over est énorme, les Norvégiens ne veulent plus de ces boulots ingrats et beaucoup de bateaux sont à la recherche de jeunes à former pour prendre la relève des anciens.

Le plus simple selon moi est de commencer par poser un pied en Norvège et de dégoter dans un premier temps un job saisonnier dans l’industrie de la pêche. C’est beaucoup plus facile et rapide de se faire embaucher et cela vous permettra de nouer des contacts et de commencer à faire le tour des compagnies de pêche.

Ensuite, il faut persister, rappeler, relancer pour, une fois encore, montrer votre motivation (n’en faites pas trop non plus hein !).

Vous trouverez pas mal de noms de grosses compagnies en ligne que vous pouvez commencer à démarcher à distance, et bien entendu tout le long de la côte norvégienne. Faites du porte-à-porte, donnez votre numéro de téléphone et expliquez que vous êtes prêts à bosser dur. L’idée étant de travailler aussi dur que possible pendant un court laps de temps, pour accumuler un pactole qui permettra de booster vos voyages ou vos projets !

M/S Sjøvær - Norvège

Si vous aussi vous avez travaillé comme pêcheur en Norvège ou si vous êtes tenté par cette incroyable expérience, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques ou de vos commentaires.

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